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L'Oeuf d'Elephant partie 4 et fin

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Nefermeritaset's avatar
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Janvier, Karnataka, terrasse de tonton Suvarna.

Ouf. Me voilà enfin posée, je souffle un grand coup avant de repartir pour le camp. Je prends le temps de mettre tout par écrit, sur mon carnet tout neuf. Je suis vivante ! Incroyable, non ? Mais décidément, il va falloir que je me trouve un assistant, ça ne peut plus continuer comme ça. Une personne pour me sortir des ennuis quand je ne peux pas y arriver seule. Quelqu’un qui s’y connaisse en histoire ancienne et qui soit polyglotte. Mince, je vais devoir faire passer des entretiens d’embauche… quel ennui ! En plus, ça veut dire partager. Et je ne suis pas très forte pour ça. Peut-être que si je promets un salaire fixe, je n’aurai pas à partager les éventuels gains de l’aventure ? Après tout, ce serait moi la patronne ! Mais je m’égare (non, pas la ville de Grèce). Revenons à nos éléphants.

Comme je l’ai déjà écrit, j’en étais quasiment à faire mon testament dans une cave poussiéreuse sentant le rat crevé, sous un musée de seconde-zone à Shivamoga. Le Professeur Lankâ, « psychopathe fanatique » pour les intimes, avait prédit ma mort pour aider au retour du démon indien Râvana. Juste ce que j’étais venue éviter. Pas de chance. Mais une Badger ne se laisse pas abattre pour si peu. Même s’ils m’avaient sans ménagement retiré mon sac, j’avais encore plus d’un tour dedans, comme on dit. Et ils m’avaient laissé mon carnet, que je tenais sous le bras au moment de mon enlèvement. Ce qui me permettait au moins de faire des croquis de l’œuf que j’avais vu, de la table en pierre bizarre, et aussi de la pauvre momie avec son sarcophage maltraité. Mais je ne pouvais rien faire tant que j’étais enfermée là. J’ai donc – encore – attendu. En même temps, ça fait aussi partie du boulot, de savoir attendre le bon moment.
Ledit bon moment ne semblait pas vouloir se présenter dans l’immédiat : après une journée interminable à attendre dans mon cachot, les horribles sbires de Lankâ sont venus me chercher. Ils m’ont encore attrapée sans délicatesse pour me traîner à l’étage, dans la réserve. C’est là que j’ai constaté que la nuit devait être tombée, puisque le musée avait l’air fermé. Mais, cette première observation effectuée, je me suis rendu compte que j’avais bien d’autres préoccupations.

La table de pierre très ancienne avait été déplacée, et l’œuf sorti de sa vitrine sécurisée reposait sur un tissu peint d’apparence antique, au milieu du plateau de la table, face gravée d’un éléphant vers le haut. Un couteau sacrificiel pas du tout Aztèque était posé à côté. A sa facture, j’aurais dit qu’il datait du XII° siècle environ, et il était définitivement de culture indienne. Les trois costauds étaient là, et fermaient derrière nous la porte de la cave. Il y avait aussi le Professeur Lankâ dans une belle cape de cérémonie à capuche, et son acolyte le Professeur Himsaka, qui portait une tenue similaire. Deux autres personnes inconnues de moi et portant les mêmes tenues se tenaient autour de la table. Cela faisait très officiel… ou très sacrificiel, au choix. Personnellement, je n’ai jamais trop aimé les pince-fesses, donc je n’avais pas tellement envie de rester. Mais l’une des brutes me tenait fermement sous son bras. J’ai aperçu, jeté négligemment dans un coin de la salle, mon bon vieux sac à dos, mais il était tout à fait hors de portée. Quel dommage.
Le Professeur Lankâ (« drama queen » pour les intimes – oui, je sais, elle a beaucoup de petits noms affectueux) m’a montrée du doigt en disant d’une voix quasi-sépulcrale : « Compagnons, voyez le sacrifice que notre Maître nous a envoyé pour nous aider dans notre entreprise ! Désormais, avec le sang inespéré de cette Beeguh, nous pouvons commencer le rituel que nous attendions tous, et voir enfin Râvana s’éveiller et régner sur le monde ! » Blah, blah, les méchants adorent s’écouter parler.
Pendant ce temps, les costauds m’avaient approchée de la table sacrificielle, malgré mes protestations véhémentes, et m’avaient remis aux mains des deux autres encapuchonnés de service, qui ont entrepris de me tenir sur la table à côté de l’œuf, tandis que Lankâ (aka « tueuse en série aux couteaux sacrificiels ») brandissait très haut son couteau, comme si elle avait besoin d’un élan terrible pour m’entailler la peau. Quand je vous disais qu’elle en faisait des tonnes…
D’ailleurs elle a recommencé à parler : « Ô, grand Râvana, accepte cet humble sacrifice que nous entreprenons pour ta résurrection ! » et comme Himsaka lui tenait aimablement près des yeux le livre rituel ouvert à la bonne page, elle a débuté la lecture d’une incantation dans une langue que je ne reconnaissais pas. L’œuf a commencé à luire. Tout le monde était fasciné, et j’ai senti les mains qui me tenaient relâcher un peu leur pression sous le coup de l’émotion. Il ne m’en fallait pas plus pour passer à l’action.

J’ai créé une petite explosion qui a suffi à déstabiliser l’œuf et à le faire rouler jusqu’au bord de la table. Les sbires n’avaient d’autre choix que de me lâcher pour tenter de le rattraper, ou de le laisser tomber. L’un d’eux m’a donc lâchée, ce qui m’a permis de me dégager à coup de pattes et d’échapper de justesse à la lame sacrificielle qui s’abattait sur moi, me faisant tondre quelques poils au passage. Lankâ a perdu contenance et poussé un gros juron que je ne répèterai pas ici, quelle que soit la langue. Et, alors que le sbire n°1 tentait de rattraper l’œuf au bord de la table, j’ai donné un grand coup de patte dedans. L’œuf est tombé sur le carrelage… et s’est brisé en mille morceaux dans un grand fracas. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Profitant de la panique générale, j’ai sauté de la table, attrapé en me coupant quelques morceaux de saphir, réussi à atteindre mon sac à dos et à m’en emparer… mais pas à temps pour m’enfuir. Les costauds de service étaient déjà sur moi, menaçant de m’attraper ou de me massacrer, selon les cas. Quant aux cultistes du démon (aha, quelle jolie insulte !), ils étaient en furie. Himsaka était éperdument en train d’essayer, à quatre pattes, de rassembler les morceaux de l’œuf, paniqué et déboussolé. Bon courage, j’ai embarqué des bouts du puzzle ! Les trois autres avaient une lueur meurtrière (je veux dire, pire qu’avant, on entrait dans le « furor » à l’antique ! Médée style !) dans le regard. J’allais passer un salle quart d’heure si je restais là ! Alors je me suis faufilée entre les jambes des gardes du corps pour passer dans l’arrière-salle de la réserve. J’ai foncé sur ma droite vers la rangée d’amphore, que je connaissais désormais bien, et j’en ai violemment brisé une sur le sol devant la porte. Bien sûr, j’avais choisi celle qui contenait du blé fossilisé. Plein de petits grains. Désolée, amphore, mais ton sacrifice était plus nécessaire que le mien ! Les caïds se sont précipités, et ont glissé lamentablement sur les grains éparpillés. Non seulement ils sont tombés les uns sur les autres, mais en plus deux d’entre eux se sont blessés avec des bouts d’amphore.
C’est alors qu’ils ont dégainé leurs armes semi-automatiques. Et là, je rigolais moins. La sortie de l’arrière-salle était encore loin, et même au cas où ils n’auraient pas eu le temps de réparer la chaîne extérieure, je ne risquais pas de l’atteindre sans me faire toucher. J’ai alors utilisé le sarcophage de la pauvre momie, qui n’était plus à un mauvais traitement près, comme bouclier de fortune, le temps de tenter ma chance avec la porte arrière. Ça a commencé à tirer. J’ai senti que la momie n’en avait plus pour longtemps. Les impacts résonnaient jusque dans mes os ! J’ai atteint la porte, qui était verrouillée. J’ai tenté une explosion pour faire sauter la serrure, espérant que c’était la seule sécurité. Et miracle ! C’était le cas ! La porte s’est ouverte, et en reculant j’ai aperçu la chaîne non-réparée avec son gros cadenas. J’ai refermé la porte derrière moi avant qu’ils ne m’atteignent, et je l’ai vaguement bloquée avec le sarcophage, dont il ne restait pas grand chose. De toute la vitesse de mes courtes pattes, j’ai filé en trombe vers un camouflage, certaine qu’une fois hors de leur vue, je parviendrais bien plus facilement à les semer. Ils n’ont pas un super odorat, eux. Ni une ouïe très fine ! Et j’avais raison sur ce point, j’ai donc filé dans une ruelle encombrée de poubelles, et même après avoir dégagé sans trop de mal la porte, ils ne m’ont pas retrouvée. J’ai pris refuge dans la cave désaffectée d’une ancienne teinturerie, et j’ai attendu pour être sûre qu’ils abandonneraient les recherches. Essoufflée, le cœur battant, j’ai sorti de mon sac les fragments de saphir. Au moins, ils ne risquaient pas de réparer l’œuf. Et qui sait ? Le saphir, même non-taillé, ça pouvait peut-être se revendre un bon prix ? Histoire de me récompenser d’avoir sauvé le monde d’un redoutable démon…

Une fois certaine qu’ils avaient abandonné les recherches, je suis repartie avec la discrétion la plus grande vers la demeure de mon hôte, bien décidée à me reposer, à rentrer chez moi, et à revendre les fragments de saphir à des personnes différentes, aux quatre coins du monde, pour éviter qu’on puisse les réunir (des fois que l’âme du démon ne se soit pas échappée de l’œuf lorsqu’il a éclaté… cela dit il a soudain arrêté de briller, alors que Lankâ incantait toujours). Je pense qu’il faudrait qu’un conteur raconte aux petits enfants en Inde comment une Beeguh a sauvé le monde du vilain démon. Bien sûr, il faudrait enjoliver les choses, retirer quelques parties trop sanglantes pour des enfants, ne pas citer de noms… mais ça ferait une chouette suite à la légende ! En tout cas mes chers petits Beeguhdiz au camp vont adorer quand je vais leur raconter tout ça. Bon, je ne suis pas obligée de leur dire que j’ai rapporté du saphir. Mais le reste, ça devrait leur plaire, non ?

Une aventure de Sydney Badger fav.me/dan1v9e dont le design appartient à :iconmaiwenn: et le concept relève du groupe :iconokhong: 

Ça y est ! Syd' est vivante ! Mais quelle histoire... j'en connais une qui va encore râler qu'elle casse tout sur son passage, mais c'est pas sa faute si on essaie de la sacrifier, quand même ! ;) 

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Lergahin's avatar
Aaha super j'adore Sydney! Mais comment elle fait ses explosions au juste?