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L'ara qui rit - partie 2

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Nefermeritaset's avatar
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Mars, jardins Koko-en d’Himeji.

Coincés dans une anfractuosité de roche derrière une minuscule cascade dans l’un des neuf jardins Koko-en, nous attendons que le temps passe et que les mouches s’en aillent. C’est un peu inconfortable d’être tassés ainsi l’un contre l’autre dans des positions improbables, mais, après plusieurs essais où j’ai mis mon coude dans l’œil de Nigel puis dans son nez, j’ai réussi à sortir mon carnet de notes pour passer le temps. Il faut bien, puisque je ne sais pas pour combien de temps nous en avons.

Résumons. Yoko-san nous a accueillis à Himeji à l’endroit que nous avions convenu. Je l’ai présentée à Nigel, qui l’a trouvée très exotique, n’ayant jamais voyagé dans cette partie du monde. Du moins c’est ce que j’ai cru comprendre, car Nigel ne parle pas beaucoup. Ce qui convenait très bien au style japonais de Yoko-san, d’ailleurs. S’ils avaient été moins coincés, on aurait pu dire qu’ils s’entendaient comme larrons en foire ! Bref. Elle m’a dit qu’elle s’était renseignée auprès d’un shaman local, et que la mouche d’Himeji, c’est à dire l’âme de la pauvre O Kiku à qui Dorobo a volé un cadeau impérial, avait eu du renfort au fil du temps : toutes les âmes en peine victimes des vols de Dorobo s’étaient transformées en mouches, formant un essaim décent. Elle pensait que c’était la raison pour laquelle Dorobo avait été forcé de fuir, car les Oni (esprits japonais) sont puissants, surtout en groupe.

Forts de cette information, nous sommes partis en mission de reconnaissance, pour essayer de trouver derrière quelle cascade de quel jardin d’Himeji se cachait le trésor de Dorobo, et pour mesurer le danger et les précautions à prendre. Après une longue errance où nous nous sommes trempé les poils à essayer de regarder derrière les cascades, tout en nous faisant tout petits et en nous cachant derrière les buissons au moindre bruit (les jardins sont un lieu touristique, il y avait des humains, malgré notre choix d’heure assez tardive, en fin d’après-midi), nous commencions à désespérer sévèrement. Il y a tout un tas de cascades dans ces fichus jardins ! Mises bout à bout, ça ferait le Niagara en origami !

Au bout d’un moment, nous sommes arrivés dans un coin plus reculé des jardins, un peu moins bien entretenu aussi. Et alors que nous nous approchions d’une des cascades, qui avait l’air plus importante que les autres, nous avons commencé à entendre un drôle de bruit. « Ichi-mai, ni-mai, san-mai… » de plus en plus fort. Mon japonais pas trop rouillé m’a fait comprendre qu’on était dans la panade, car ce bruit, qui ressemblait à un bourdonnement de plus en plus assourdissant, voulait dire « un plat, deux plats, trois plats… ». C’est alors que nous avons été brutalement assaillis par un essaim d’énormes mouches toutes bizarres, avec des genres de cheveux épars, comme des fantômes de légende. Malgré nos gesticulations et notre éloignement précipité de l’endroit, nous étions toujours piqués à l’échine ou au museau. Honnis soient les Oni !
Nous nous sommes finalement décidés à passer une cascade plus petite, et à nous abriter derrière, pensant que les mouches n’aimeraient sûrement pas l’eau, ni ne la traverseraient. Nous avions raison. Ouf. Mais à présent l’essaim caché que nous ne saurions voir tourne furieusement de l’autre-côté de la cascade, nous pouvons l’entendre bourdonner avec ardeur. On ne dirait pas comme ça, mais un essaim nippon, c’est mauvais.

Maintenant nous sommes coincés jusqu’à la nuit, je pense : d’habitude les mouches, ça dort la nuit. Enfin, avec les fantômes, allez savoir. J’espère que Yoko-san aura du baume contre les piqûres d’insectes à nous proposer, parce que sinon nous allons rentrer dans un drôle d’état. Reste à savoir comment nous allons convaincre cet essaim déshonoré que nos desseins sont honorables. Après tout, nous ne sommes pas des amis de Dorobo, et si nous pouvons faire quelque chose pour que ces esprits retrouvent la paix, nous sommes tout à fait prêts à coopérer. Quand nous sortirons de notre réduit, un plan B s’impose. J’espère que Yoko-san aura des idées, elle est plus habile que nous avec les coutumes ancestrales de son pays. Si nous pouvons calmer l’Oni, elle saura comment.

Une aventure de Sydney Badger fav.me/dan1v9e  et Nigel Kahlua fav.me/daxy95e dont le design appartient à :iconmaiwenn: et le concept relève du groupe :iconokhong: 

Bon, j'ai eu un peu de mal à démarrer cette deuxième partie, mais ça va mieux, et j'ai même pu caser des horreurs (euh, des jeux de mots, pardon) et des références diverses dans mon texte, ce qui veut dire que les affaires repartent. ;)

© 2017 - 2024 Nefermeritaset
Comments15
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ValkAngie's avatar
"Honnis soient les Oni !  XD

Ca, c'est un autre genre de mauvaise posture! C'était peut-être pas si mal, le coude dans le nez, finalement! =p