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Le Sceptre de Carthage - partie 1

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Nefermeritaset's avatar
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Fin août, Désert près des côtes d’Afrique du Nord.

Ah, Carthage, ville mythique et brillante, rivale de Rome sur les mers et sur terre… Carthage, ses légendes, son commerce, ses trésors… et son sable. Nous sommes bien arrivés dans le désert tunisien, non pas à Carthage même, puisque ce n’était pas notre destination, et que la cité est de nouveau occupée par des humains, mais à proximité de l’oasis où le voyageur du journal raconte avoir rencontré les nomades qui lui ont transmis la légende. N’ayant d’autre choix que d’attendre l’arrivée d’une tribu pour pouvoir obtenir des informations (les traces de pattes et les crottes de dromadaires prouvent que le trafic est régulier), nous attendons sur place. Il y a l’oasis, avec ses palmiers, son point d’eau au pourtour verdoyant et ses insectes, et autour, il y a le sable. Partout, à perte de vue. Heureusement que nous avons une bonne carte et une bonne boussole, et que j’ai pris mon chapeau de cow-boy ET mon ombrelle. Nigel porte son chapeau aussi. Willka refuse de quitter sa coiffe de plumes, donc je veille à ce qu’il n’attrape pas d’insolation.

Quand nous sommes arrivés, nous avons bien dû chasser quelques intrus, mais désormais tout est calme. Nigel a tenu à passer le premier pour entrer dans l’oasis, alors que Willka avait effectué une reconnaissance aérienne et nous avait assuré qu’il n’y avait aucun humain en vue. Aucun humain, certes. Mais un caracal (c’est un lynx du désert, pas un petit haut chic au singulier) aussi long que Nigel s’était arrêté pour boire dans ce refuge frais et ombragé. Comme il ne nous avait pas entendu arriver, il n’avait pas fui, ce qu’il aurait sans doute fait normalement à l’arrivée d’une troupe plus nombreuse. Un peu assoupi par la chaleur, il a donc été surpris de nous voir, et a réagi de manière agressive. Cette fois, Nigel s’est planté devant moi et a attendu les ordres, tandis que Willka, massue de guerre à la main, tournoyait autour de l’animal comme un vautour assiège un cadavre. « Fais-lui peur, mais laisse-le s’enfuir » ai-je glissé rapidement à Nigel. Nous ne tenons pas à massacrer des espèces menacées dans la région. Encore moins à se retrouver avec un Nigel blessé. Mais cet animal était moins imposant que les Lamassu. En faisant beaucoup de bruit, Nigel, agitant son bâton de combat et se dressant sur ses pattes arrière pour montrer la puissance de ses griffes, a fait un genre de ruade, pour intimider le caracal. Nigel est vraiment très grand quand il se dresse comme ça de toute sa hauteur. Pas fou, l’animal caracal détale devant le Beeguh carcajou létal. L’oasis était désormais à nous, d’autant que les oiseaux qui s’y abritaient, terrifiés par le cri de guerre de Nigel, s’étaient tous envolés vers des cieux plus cléments.

Pour passer le temps, Willka a réclamé que je raconte l’histoire de Carthage, car elle lui est inconnue, bien sûr : il vient d’une région du monde trop différente. J’ai donc commencé mon récit par la fondation de Carthage.

« Il y a bien longtemps, une princesse venue de la cité phénicienne de Tyr, nommée Elyssa, dut fuir en catastrophe son royaume, car son frère voulait sa mort. Elle emporta un important trésor avec elle, et accosta sur les côtes d’Afrique, en actuelle Tunisie. Cette terre était déjà occupée par un méchant roi tyrannique. Elyssa, obligée de demander au roi une terre pour installer ceux des tyriens qui avaient fui avec elle, se vit opposer un refus. En insistant, on lui accorda, pour une somme exubérante, le droit de s’installer sur autant de territoire qu’elle pourrait en recouvrir avec la peau d’une vache. Les phéniciens sont réputés pour leur ruse et leur ingéniosité. Ils savaient toujours s’en tyrer. Elyssa prouva qu’elle avait l’étoffe d’une reine en trouvant le moyen de se tailler la part du lion dans une peau de vache (et un lion, ça mange beaucoup). Elle fit abattre la plus grande vache qu’elle trouva, et découpa sa peau en fines lanières, ce qui lui permit de couvrir un territoire bien plus grand que ce que le roi avait prévu ! Ainsi installée, elle fonda Carthage et la citadelle de Byrsa. Plus tard, bien plus tard, Carthage devint une cité commerçante florissante en Méditerranée, sous la protection de la déesse Tanit et du dieu Baal-Moloch. Ce qui ne fut pas au goût de la puissante Rome quand elle décida d’étendre sa domination sur les mers. Deux guerres opposèrent les deux puissances, les guerres « puniques » du latin punicus qui désignait les phéniciens. C’est là qu’Hannibal fit traverser mer et montagne à des éléphants de guerre. Ce qui ne lui réussit que très modérément, car il gagna principalement les batailles où il ne les fit pas intervenir. De toute façon, il finit vaincu (c’est beaucoup pour un seul homme) et mourut. Carthage dut subir un traité de paix indécent, incluant une interdiction formelle de lever à nouveau une flotte. Malheureusement, quelques années plus tard, alors que Carthage se reconstruisait par le commerce, son voisin nubien, le roi Massinissa, commença à menacer les frontières. Aussi les Carthaginois finirent-ils par transgresser l’accord de paix, pour se défendre. Mais Rome riposta avec véhémence, sous l’impulsion de plusieurs sénateurs fanatiques. On raconte qu’en réalité, Massinissa aurait provoqué exprès les Carthaginois pour donner un prétexte aux Romains, ses alliés. Alors que deux consuls incompétents s’enlisaient dans un conflit de 3 ans sans réussir à prendre la ville, on envoya Scipion Emilien, apparenté par adoption à Scipion l’Africain qui avait défait Hannibal, en finir avec le conflit. Ce fut brutal et rapide. Il obtint la reddition des notables et la ville fut complètement détruite et pillée, une partie du trésor allant aux Romains, une autre aux Nubiens. C’est à ce moment-là que notre Publius Tullius Varro, soldat romain, a eu pour mission d’apporter une partie du trésor en Nubie. Une lubie qui allait lui coûter cher, car il disparut pour toujours, comme je l’ai déjà raconté. »

Ainsi renseignés sur l’histoire du trésor que nous cherchions, mes deux assistants ont eu l’air plus intéressés. Mais aucune caravane ni aucun groupe de nomades n’étaient en vue. Nous avons donc tué le temps en montant un abri de fortune à l’aide de branches et de palmes (et non pas de palmes et de branchies, inutiles dans le désert), puis nous nous sommes reposés en prévision des fatigues à venir. Nigel a ramassé des noix de coco, qui nous ont agréablement complété le repas. A présent, tant qu’il fait jour, Willka fait des ronds dans le ciel pour voir si une caravane approche. Ce qui nous laisse seuls, Nigel et moi, la plupart du temps. Il y a peu, un incident bizarre m’a poussée à prendre mon journal pour écrire, histoire de me changer les idées. Alors que nous étions appuyés sur le même arbre pour nous abriter du soleil, nonchalamment avachis l’un près de l’autre, Nigel m’a pris la main. J’ai sursauté, et j’ai retiré ma main, parce que j’ai été très surprise. Du coup il a marmonné des excuses et s’est tourné de l’autre côté, comme pour dormir. Mais je ne sais pas si je vais l’excuser : est-ce que ce geste nécessite vraiment des excuses ? Ce n’était pas si désagréable, tout compte fait. J’espère que je n’ai pas vexé Nigel. Il ne manquerait plus qu’il boudât. Restons zen.

Tiens, voilà Willka qui appelle. Il a dû voir quelque chose. Espérons que les tribus nomades d’Afrique du Nord, fidèles à leur réputation, soient restées en dehors de la guerre entre humains et Beeguhs. Sinon nous sommes dans le céleri rémoulade.

Une aventure de Sydney Badger fav.me/dan1v9e  et Nigel Kahlua fav.me/daxy95e dont le design appartient à :iconmaiwenn:, et Willka fav.me/db7zvg1, dessin de :iconkineko: et colo de :iconmaiwenn: et le concept relève du groupe :iconokhong: 

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Comments2
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kineko's avatar
Ha la la, sacré Sydney, je vois qu'elle a des jets de perceptions assez foireux tant que ça ne concerne pas les trésors XD