literature

Quetzal ici coatl la.

Deviation Actions

Nefermeritaset's avatar
Published:
414 Views

Literature Text

(English below)
Introduction.
Le serpent dans le panier d’avocats.


Mai, Museum de Sydney.

Un soir, quelques jours après avoir recueilli Willka, j’étais allée me coucher après une énième dispute, avec cette grande bouche pleine de mots haineux, quand quelque chose m’a réveillée. J’ai d’abord cru que c’était un Beeguhdiz qui pleurait. Je me suis levée pour aller voir, étonnée que Boursin laisse un petit seul au milieu de la nuit. Mais c’était en fait Willka qui pleurait doucement sur son perchoir. Il m’a jeté un regard mauvais, mais a continué à pleurer sans rien dire. J’étais désemparée. Pour nous prendre le bec, nous étions doués, mais nous n’avions pas échangé beaucoup d’autres choses que des insultes ou des propos pragmatiques sur le logement ou la nourriture. Comme j’avais deviné son origine géographique, j’ai tenté quelque chose. J’avais appris d’un Beeguh de passage qui était venu en visite avec les parents de Xoco une berceuse Mixtèque. C’est un dialecte du Mexique. La berceuse s’appelle Tirenini Tsitsiki, et je m’en souvenais très bien, car je l’avais apprise par curiosité, et j’avais trouvé amusant d’apprendre une langue que je maîtrisais très mal à travers le livres (elle ne se prononce pas comme elle s’écrit, c’est compliqué aussi !). Personne ne le sait parce que je ne chante jamais en public, mais j’ai plutôt une jolie voix. Je me suis donc mise à chanter la berceuse, dans l’espoir de sécher les larmes de mon Quetzal coi. Et mouillé. Encore. Mais cette fois c’était sa faute. J’ai fredonné : « Tirineni tsitsiki, sera muy cierto, que t' eres naturalita. Nos jucha porhepechska male, jucha no kuatantani, Tirineni tsitsiki ikarania… »

Mon drôle d’oiseau s’est retourné d’un bond, surpris. « Tu connais la langue des anciens ? ». J’ai continué à fredonner. Je n’aime pas m’interrompre au milieu d’une chanson. Et puis ça semblait faire cesser ses larmes, ce qui me convenait bien. Quand j’ai eu terminé, il m’a dit, d’un ton plus calme, ses yeux séchés : « Tu chantes bien, Blaireau-qui-mord-avec-des-mots. Que sais-tu de mon pays ? Il paraît que tu voyages… tu pourrais me ramener là-bas ? »

J’ai secoué la tête. « Non. Enfin pas exactement. Je peux t’emmener à Oaxaca, mais ça ne sera pas exactement de là où tu viens. Le Miroir… tu vois, il peut t’emmener partout dans le monde mais… ce n’est pas le monde… pas le nôtre. Enfin pas exactement. C’est changé. Tu ne reconnaîtrais peut-être même pas les lieux, et tu ne retrouverais certainement personne que tu as connu. Pourquoi veux-tu retourner là-bas ? »

Il a semblé hésiter avant de répondre. Il a secoué ses plumes arc-en-ciel, et m’a étudiée de haut en bas, comme on juge une marchandise. J’ai trouvé ça désagréable.
« Eh, oh, je suis pas à vendre, hein, soyons bien clairs. Alors soit tu me dis ce que tu veux clairement, soit tu me laisses me recoucher. »
Sur ce, Nigel a sorti la tête de sa chambre. On avait dû le réveiller. Sa présence m’a aidée à me sentir un peu moins mal à l’aise. On est en sécurité avec Nigel. Du moins c’est ce que je ressens.

Willka m’a enfin répondu, mais en me posant une question. Ça allait tourner à la quescussion cette histoire.
« Tu sais garder un secret, Tacaloayolcatl ? » (ça veut dire « animal qui creuse », pour une fois ce n’était pas une insulte), demanda-t-il, songeur. J’ai bien sûr répondu par l’affirmative. Ce ne sont pas les pages de mon journal qui vont me trahir, après tout, donc nous sommes tranquilles. Il a repris la parole :
« Près de là où j’ai combattu, il y avait une stèle. C’était elle qu’on protégeait, car elle indiquait l’accès à une cité sacrée. Comme on perdait la bataille, on a dû détruire la stèle pour éviter que nos ennemis, les humains, ne découvrent ce site magique très cher à nos cœurs. Coixtlahuaca, la plaine des serpents, est l’un de nos lieux sacrés. Nous y avions caché nos artefacts magiques, car nos shamans s’y étaient réfugiés. Et puis il y avait un peu de trésors, bien sûr, pour ceux que ça intéresse. Mais surtout, il y avait notre réserve d’armes, en cas d’attaque. Je ne pense pas que les humains aient pu trouver l’endroit sans la stèle. Mais j’aimerais tant vérifier… tu pourrais m’emmener ? En plus on pourrait trouver des avocats. Ça me manque tellement. C’est ma nourriture préférée, et il paraît que vous n’en avez pas par ici. C’est atroce, l’idée de vivre toute sa vie sans avocats. »

Nigel est intervenu plus vite que moi. Il m’a prise de court, en répondant : « Si c’est une question de nourriture, nous n’avons pas le choix, il faut y aller. C’est vraiment très important. Allez, Sydney, quand est-ce qu’on part ? »

La bouche ouverte comme une imbécile, je les ai regardés quelques instants, mes yeux allant de l’un à l’autre sans trop comprendre comment j’en étais arrivée là. J’ai finalement retrouvé mes esprits.
« Euh, il faut que je me documente, pour pouvoir assurer un voyage en toute sécurité, quand même. Je vais faire des recherches, lire un peu, et puis il va nous falloir une localisation précise, hein, parce que je ne veux pas qu’on marche des heures dans la pampa alors qu’on pourrait atterrir juste à côté. C’est où, exactement, ton truc ?
– Tu vois Teotitlan ? C’est tout près. »
Je voyais très bien où était Teotitlan, oui. C’était une cité assez connue de la région d’Oaxaca. M’enfin je me méfiais quand même de l’expression « tout près », parce qu’à vol d’oiseau, tout à l’air tout près. J’ai donc sorti mes cartes au milieu de la nuit, et j’ai vu que ça nous ferait quand même de la marche à pieds. Mais au moins à Teotitlan on pourrait trouver des avocats, en espérant qu’ils ne soient pas véreux.

Sur ces entrefaites, nous sommes tous allés dormir, parce qu’on ne prépare pas un voyage sans avoir fait une bonne nuit de sommeil. Ni sans avoir pris un bon repas, ajoute Nigel. Suis-je vraiment condamnée à vivre pour manger, au lieu de manger pour vivre ? Avec ces deux-là, ça va être compliqué de trouver une source de nourriture suffisante, même avec l’aide de Walker. Il va falloir varier les fournisseurs. En plus, dès le matin suivant, nous avons recommencé à nous disputer : Willka et moi n’avons pas la même idée des préparatifs de voyage. Il va vite comprendre qui c’est la cheffe. C’est MON miroir, non mais oh ! Emplumé, va !


-----------------------------

Introduction : the snake in the avocado basket.
May, Syd’s Museum, one night.

Last evening, a few days after letting Willka into our home, I had gone to bed after another fight with him, with his big mouth full of hatered, and I was waken up by a strange noise. At first, I thought it was a Beeguhdiz outside, and I left my bed in a hurry, surprised that Boursin would let a kiddo alone in the night. But when I reached the hall, I saw it was Willka sobbing quietly on the coat rack. He tossed me a hard look, but continued his sobbing, turning his back on me, still silent. I didn’t know what to do. Yelling I understood. But I was never very good with crying. Since I had guessed where he went from, I tried something, because I was out of ideas. I had learned from a Beeguh who once visited along with Xoco’s parents a mixtec lullaby. Mixtec is a region of Mexico. The lullaby was titled « Tirenini Tsitsiki » and I remembered it very well because I had memorised it by heart, for this is a language you can hardly learn from books, because it sounds differently than it spells. It’s hard to learn such a language, so I had jumped on the opportunity. Nobody knows because I never ever sing, but I have quite a pretty voice. I started singing softly : « Tirineni tsitsiki, sera muy cierto, que t' eres naturalita. Nos jucha porhepechska male, jucha no kuatantani, Tirineni tsitsiki ikarania… »

My strange little bird turned around, very much surprised. « You know the Ancient’s language ? » I didn’t respond and finished the song, because I dislike being interrupted when I sing. It’s such a rare thing. When I finished, his eyes had dried, and he said to me in a calm voice : « You sing nicely, Badger-who-fights-with-words. What do you know about my country ? I heard you travel. Would you bring me back there ? »

I shook my head. « No. Not exactly. The Mirror can bring us anywhere but it’s not… our real world. It’s… different. Not quite the same. It looks like it, but something’s ajar. Maybe you wouldn’t even recognize the place, and most certainly everyone you knew would have disappeared. Why do you want to go back ? »

He seemed reluctant to answer. He shook his feathers, gazed at me from toe to ears, assessing me like I was some merchandise. I didn’t like it. I’m not on sale. I told him to break the news, or I would go back to bed and let him sitting here alone. But Nigel turned up just at this moment. I felt safer. You’re safe with Nigel. At least I feel so.

Willka finally answered, but it was with a new question. How annoying ! « Do you know how to keep a secret, Tacaloayolcatl ? » (means « digging animal ». Not much of an insult, for once), he asked dreamily. Of course I said yes. I trust my diary not to betray me ! He kept going : « Near the place where I fought, there’s a carved stone. It was that we protected, we warriors, because it indicated the location of a hidden sacred place of ours, where our shamans where and also our sacred relics and a supply of weapons for us. The humans wanted to know where it was. Since we were losing, we chose to destroy the stone to protect the secret. The hidden place was the cave of Coixtlahuaca, « the plain of the snakes », and it was very sacred, and we kept a few treasures there too. I don’t think the humans managed to find the location without the stone, but I can’t be sure, and it’s eating at me. I’d very much like to make sure. Could you bring me there ? Also, we could find avocados, I miss them so much. It’s my favorite food, and I heard you don’t have any, back here. It’s so sad to think I will never taste an avocado again ! »

Nigel was faster than me to answer : « If food is involved, it’s very important. No choice, we have to go, right Sydney ? When do we leave ? »

I stayed stunned, mouth open, so surprised I couldn’t say anything for long seconds. I didn’t understand how we had come to that point. At last, I found my voice and answered : « Er, I need to get more infos about the location, the population there, the geography, the topography, we need to be very precise, or we will walk for days without finding anything. Where exactly is your sacred stuff ?
– See Teotitlan ? It’s just next door. »
I saw very well where Teotitlan was, yes, it was a city near Oaxaca. But I was cautious. What did « next door » meant for a bird ? I fetched my maps in the middle of the night, and saw we would have to walk, but it was possible. At least at Teotitlan we could find avocado.

Then we all went to bed, because you can’t just plan a journey without sleeping – or, concerning Nigel, eating – and we needed to rest and think. I feel like I’m doomed to live for food. Isn’t food supposed to help you live, not the reverse ? With those two, I will have to find other sources of food. On top of that, next morning, we began to fight again : Willka and I disagree on the matter of preparing an expedition. I will let him know who’s the boss. It’s MY Mirror, understood ? Stupid sparrow.
Quetzal ici, coatl là, une nouvelle aventure en perspective pour le trio d'enfer. 

Une aventure de Sydney Badger fav.me/dan1v9e  et Nigel Kahlua fav.me/daxy95e dont le design appartient à :iconmaiwenn:, et le petit nouveau Willka fav.me/db7zvg1, dessin de :iconkineko: et colo de :iconmaiwenn: et le concept relève du groupe :iconokhong: 

English translation for my beloved non-french-speaking readers. ;) 
© 2017 - 2024 Nefermeritaset
Comments36
Join the community to add your comment. Already a deviant? Log In
Maiwenn's avatar
J'aime beaucoup comment Sydney parle de Willka en utilisant des termes comme "mon Quetzal" ou "mon drôle d'oiseau", parce que malgré les prises de bec, on sent qu'elle s'en sent responsable et ça rend le personnage d'autant plus attachant. :nod:

Daaaaaw. :heart: Syd qui commence à se sentir rassurée quand elle sent la présence de Nigel ! Attention Syd ! C'est le début de la fin ! Et nous on attend que ça ! 8'D

"Et puis il y avait un peu de trésors, bien sûr, pour ceux que ça intéresse." > Bravo Willka, tu sais t'adresser à Sydney !
"C’est ma nourriture préférée, et il paraît que vous n’en avez pas par ici. C’est atroce, l’idée de vivre toute sa vie sans avocats." > Bravo Willka, tu sais t'adresser à Nigel aussi ! Il est intelligent ce petit en fait, sous ses airs de bulldog ! X'D

Et toujours des jeux de mots magnifiques! :clap: